Sous ma robe, mon coeur

À six ans, elle disait : « Plus tard, je veux faire star. Ou Sainte. ». Elle dit aussi que pendant ses concerts, elle tremble. Estelle, actrice aguerrie de théâtre a l’âme enflammée d’une diva. Elle chante qu’elle est une femme coquelicot, femme bison, femme du désert, femme fille et mère. Elle est en robe d’or ou porte un voile noir. Elle peint ses lèvres de rouge. Elle a un port de tragédienne, elle ondule entre ses deux musiciens, prend son micro en main comme on porte une fleur au visage pour en respirer les effluves, et s’engage dans le récital d’une voix d’enfant qui, à mesure que filent les notes, gravit les altitudes. Un peu fêlée, un peu voilée, cette voix de narratrice accomplit un tour des horizons transfrontalier, mémoriel, féminin au possible. C’est une voix qui vous passe par le corps. Et dans laquelle on entend battre le coeur d’Estelle.